Dossard

En sport, il arrive toujours un moment où l’on revêt par-dessus ses vêtements un dossard. C’est une pièce de tissu plus ou moins synthétique et plus ou moins aérée avec un trou pour le cou et dont les deux moitiés avant et arrière sont réunies au moyen de ficelles ou d’élastiques. Leur couleur en est souvent fort laide, fluo.
Parfois, les dossards portent un numéro, il faut alors avoir son chiffre fétiche pour s’encourager. C’est le règne de l’individu.
Parfois, les dossards servent à différencier des équipes. Le dossard est alors ce qui nous unit ou nous sépare.
Ces deux aspects du dossard peuvent se combiner. On comprend bien qu’il peut servir à représenter divers aspects de la vie en société.
Les inimités et les amitiés s’estompent sous l’emprise des dossards. On devient une équipe et l’autre est à battre. Le numéro rappelle qu’au-delà du groupe, on peut espérer briller ou se faire sanctionner. Le numéro rappelle la responsabilité individuelle et le dossard, l’immersion dans le groupe.
Quel mot noble que « dossard » ! Il fait sonner haut la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » !
L’élève doit porter avec respect son dossard ; il doit se figurer tous ceux qui, avant lui, ont irrigué sa matière de leur sueur vitale.
Quand vient le moment où le professeur crie à la cantonade « Venez chercher vos dossards ! », les élèves s’empressent autour du chariot où, à côté des ballons, s’élève le millefeuille informe du tas de dossards. Son odeur fait refluer un instant la foule, puis les élèves s’habituent et plongent leur bras dans la masse humide pour en retirer un dossard. On l’exhibe, on clame son numéro et on y plonge la tête en coupant sa respiration. On « endosse » le dossard. Que le spectacle commence !

Note : toutes ces remarques sont également valables pour le maillot. Seulement, le maillot est plus couvrant que le dossard, il nécessite donc plus de courage encore pour le revêtir.